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de lui. Milady (car milord ne peut plus parler) m’a envoyé vous chercher bien vite.

— Prêtez-moi votre cheval. Là ; allongez un peu les étriers. »

Tandis que le groom était occupé à rajuster la selle du cheval, Ferrers se tourna vers Cesarini.

« Ne faites rien trop précipitamment, dit-il. Je dirais même, si j’osais, ne faites rien sans m’avoir consulté ; mais souvenez-vous, dans tous les cas, que je compte sur votre promesse, sur votre serment.

— Vous pouvez vous y fier, dit Cesarini d’un ton sombre.

— Adieu donc, » dit Lumley, en sautant en selle. Quelques moments après il avait disparu.


CHAPITRE II.

Ô monde ! tu étais la forêt de ce cerf…

. . . . . . . . . . . . . . .

Est-il donc vrai que tu gis ici ?

(Shakspeare. Jules César.)

Quand Lumley descendit de cheval à la porte de son oncle, il fut très-frappé du désordre et du mouvement qui régnaient dans cette maison, où d’habitude l’œil sévère du maître maintenait une tranquillité et un silence aussi complets que si les affaires de la vie s’y faisaient par mécanisme. Les vieilles femmes qu’on occupait à ratisser les allées et à en arracher les mauvaises herbes, étaient rassemblées en groupe sur la pelouse unie, et hochaient de concert leurs têtes d’un air prophétique, en chuchotant confusément leurs commentaires. Dans le vestibule, la fille de chambre (c’était la première fois que Lumley en apercevait une dans cette maison, tant étaient invisibles les rouages qui faisaient mouvoir la machine domestique), la fille de chambre s’appuyait sur son balai, et écoutait, la bouche béante, les nouvelles que lui donnait le laquais. On eût dit qu’au premier relâchement d’un frein rigide, la nature humaine s’affranchissait du flegme conventionnel qui avait toujours pesé sur ses mouvements dans cette roide et cérémonieuse maison.

« Comment va-t-il ?