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effacer « votre » et mettre « mon. » Tout le reste va bien… bien… jusqu’à ces mots : « cet attachement que vous lui attribuez et dont vous vous croyez l’objet, » au lieu de « vous vous croyez, » il faut « vous me croyez. » Le reste ira bien. Maintenant la date, il faut la changer ; datons-la du présent mois, et le tour est fait. Je voudrais bien que cet imbécile d’Italien arrivât. Si je pouvais seulement amener une brouille irréconciliable entre elle et Maltravers, je ne pourrais manquer, je crois, de le supplanter. Florence, dans son dépit et son ressentiment, s’empresserait, pour se venger, de prendre le premier qui se présenterait. Et, par Jupiter, quand même je ne réussirais pas (comme je suis sûr de le faire), ce sera toujours quelque chose que de conserver Florence à un duc de notre parti. Je gagnerais beaucoup à une pareille alliance ; tandis que je perds tout, sans rien gagner, à ce qu’elle épouse Maltravers ; un homme qui nous est opposé en politique encore ! et que je commence à haïr comme le poison ! Mais le duc ne l’aura pas. Florence Ferrers ! la seule allitération qui m’ait jamais plu ; quoique peu harmonieuse en poésie. »

Lumley tira tranquillement vers lui son encrier.

« Pas de canif ! Ah ! c’est vrai, je ne retaille jamais mes plumes ; quel défaut d’ordre et d’économie ! Il faut que j’en envoie chercher un. »

Il agita la sonnette et commanda qu’on lui achetât un canif ; le domestique n’était pas encore revenu lorsqu’on entendit frapper à la porte ; un instant après Cesarini entra.

« Ah ! dit Lumley en prenant un air mélancolique, je suis content que vous soyez arrivé. Vous m’excuserez de vous avoir écrit d’une façon si peu cérémonieuse. Vous avez reçu mon billet ? Asseyez-vous, je vous en prie. Et comment vous portez-vous ? Vous paraissez souffrant ; puis-je vous offrir quelque chose ?

— Du vin, répondit laconiquement Cesarini, du vin. Votre climat exige qu’on boive du vin. »

En ce moment le domestique apporta le canif, et on lui commanda de servir du vin et des sandwiches. Lumley se mit à causer légèrement de choses et d’autres en attendant qu’on eût apporté le vin ; il fut un peu surpris d’observer que Cesarini se versait coup sur coup, et buvait avec l’avidité d’un homme qui cherche un stimulant. Quand il en eut assez, il fixa ses yeux noirs sur Ferrers et lui dit :

« Vous avez quelque chose de nouveau à me communiquer,