avait pas deux Florences au monde ! Mais si cette pensée m’était venue, je n’aurais pas osé la nourrir un seul instant.
— Allez-vous-en ; allez-vous-en, dit Florence en sanglotant ; laissez-moi ! par pitié laissez-moi !
— Non, je ne vous quitterai pas, jusqu’à ce que vous m’ordonniez e me relever, » dit Ernest avec une émotion presque égale à celle de Florence, et il tomba à ses genoux.
Est-il besoin que je dise le reste ? Lorsqu’ils quittèrent ce lieu, un doux aveu avait été fait ; des serments solennels avaient été échangés ; Ernest Maltravers était le fiancé de Florence Lascelles.
CHAPITRE III.
Lorsque Maltravers se retrouva seul dans sa chambre, il lui sembla qu’il rêvait. Il avait obéi à une impulsion, irrésistible peut-être, mais qui ne satisfaisait pas la conscience de son cœur. Une voix lui disait tout bas : « Tu l’as trompée, et tu t’es trompé toi-même ; tu ne l’aimes pas ! » En vain il se rappelait la beauté, la grâce, le génie, la passion étrange et enthousiaste de Florence pour lui ; la voix lui répondait toujours : « Tu n’aimes pas. Dis adieu à jamais à tous les beaux rêves d’une vie plus heureuse que celle des mortels. Calypso et son île d’or ont disparu éternellement pour toi de l’océan orageux de l’avenir. Tu ne pourras plus peindre sur la toile nuageuse de