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— Oh ! je suis bien content de vous voir ; je voulais vous consulter, Cleveland. Mais d’abord, lady Florence, pour vous convaincre, ainsi que notre hôte, que mes pérégrinations n’ont pas été complétement sans fruit, et que je n’ai pu marcher de Dan à Beershebah, sans rencontrer autre chose que la stérilité sur mon chemin, acceptez mon offrande : une rose sauvage que j’ai trouvée au plus épais du bois. Ce n’est pas une rose civilisée. À présent, Cleveland, un mot s’il vous plaît.

— Et maintenant, monsieur Maltravers, je suis de trop, dit lady Florence.

— Pardonnez-moi, je n’ai pas de secret pour vous dans cette affaire, ou plutôt dans ces affaires ; car il y en a deux à discuter. Premièrement, lady Florence, ce pauvre Cesarini ; vous le connaissez, et vous avez de l’amitié pour lui… Mais allons, ne rougissez pas.

— Ai-je rougi ? Alors c’est au souvenir d’un reproche que vous m’avez une fois adressé.

— Vous rougissiez de l’avoir trouvé juste, peut-être ! Allons, peu importe. Cesarini m’a toujours inspiré un vif intérêt. Son caractère malheureux même ne fait qu’accroître l’inquiétude que m’inspire son avenir. J’ai reçu une lettre de de Montaigne, son beau-frère, qui paraît sérieusement inquiet au sujet de Castruccio. Il voudrait qu’il quittât l’Angleterre immédiatement ; c’est le seul moyen, dit-il, de rétablir sa fortune délabrée. De Montaigne a l’occasion de lui procurer des fonctions diplomatiques ; cette occasion ne se représentera peut-être plus, et… Mais vous connaissez l’homme ! Que faire ? Je suis convaincu qu’il ne voudra pas m’écouter ; il me considère comme un envieux, un rival de gloire,

— Pensez-vous que j’aie une éloquence plus puissante ? dit Cleveland. Non, car je suis auteur aussi. Voyons, je crois que c’est lady Florence qui doit se charger des négociations.

— Il a du génie, il a du mérite, dit Maltravers, d’un ton persuasif, il ne lui faut que du temps et de l’expérience pour se guérir de ses travers. Voulez-vous essayer de le sauver, lady Florence ?

— Allons ! il ne faut pas être inflexible ; je le verrai quand j’irai à Londres. Il est digne de vous, monsieur Maltravers, de témoigner tant d’intérêt en faveur d’un homme qui…

— Qui ne m’aime pas, voudriez-vous dire ; mais il me rendra justice un jour ou l’autre. D’ailleurs je lui dois beaucoup