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pacifique ; des électeurs très-recommandables : tous de la famille de Staunch.

— C’est bien ce qu’il lui faut ; pourtant c’est dommage qu’il n’ait pas attendu pour se présenter à C*** ; l’influence de mon oncle aurait assuré sa candidature.

— Eh oui ! J’y ai bien pensé dès le moment que le siége de C*** s’est trouvé vacant. Mais enfin, il est trop tard maintenant.

— Ce serait un véritable triomphe pour tout le monde, si lord Staunch pouvait faire voir qu’une grande circonscription s’est offerte à l’élire, sans frais.

— Sans frais ! Ah je crois bien ! Cela prouverait que la pureté des élections subsiste encore ; que les institutions britanniques se maintiennent toujours dans leur intégrité.

— Cela pourrait se faire, monsieur.

— Mais, je croyais que vous-même….

— Je devais me présenter ; c’est vrai ; et il sera difficile de faire entendre raison à mon oncle ; mais il m’aime beaucoup, vous savez que je suis son héritier ; je crois bien que je pour rai y réussir ; du moins si vous pensiez que ce serait très-avantageux au parti ministériel et très-utile au gouvernement.

— Mais en effet, monsieur Ferrers, ce serait l’un et l’autre.

— Et dans ce cas-là, je pourrais représenter Trois-Chênes.

— Je comprends ; oui ; précisément. Mais renoncer à une candidature aussi avantageuse !… C’est vraiment un sacrifice.

— N’en parlons plus, c’est chose faite. Une députation ira de suite trouver lord Staunch. Je vais voir mon oncle, et on enverra dès ce soir une dépêche à C*** ; du moins je l’espère, car il ne faut pas que j’y compte avec trop de certitude. Mon oncle est un vieillard ; il n’y a que moi qui puisse en venir à bout ; je vais y aller sur-le-champ.

— Vous pouvez être assuré que votre obligeance sera dignement appréciée. »

Lumley donna une cordiale poignée de main au secrétaire, et se retira. Le secrétaire n’était pas la dupe de Lumley, qui du reste s’en doutait bien. Mais le secrétaire se dit (et c’était précisément ce que voulait notre ami), que Lumley Eerrers était un homme qui recherchait des fonctions, et que s’il réussissait suffisamment bien au parlement, c’était un homme qu’il fallait pousser.

Très-peu de temps après, la Gazette annonça l’élection de lord