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quelques bavardages sur mistress Tenipleton, et quelques autres encore qui ne seraient pas très-agréables. Ah ! je suis un vrai roué ! »


CHAPITRE III.

Lauzun. Voilà, marquis, voilà ! c’est fait.

Montespan. C’est fait ! oui ! une belle affaire !

(LA DUCHESSE DE LA VALLIÈRE.)

Lumley se hâta de battre le fer pendant qu’il était chaud. Le lendemain matin, il alla droit à la Trésorerie ; il vit le secrétaire d’administration, un homme fin et adroit, qui, comme Ferrers, dissimulait les manœuvres et l’intrigue sous des manières brusques, insouciantes et franches.

Ferrers lui annonça, qu’il allait se présenter pour la ville libre et considérée de C***, population de 2500 électeurs ; un poste éclatant, pour un membre du vieux temps antiréformiste ; c’était un bourg qu’on regardait comme parfaitement indépendant. Le secrétaire le félicita et le complimenta.

« Nous avons éprouvé dernièrement des pertes dans nos élections, parmi les grandes circonscriptions, dit Lumley.

— Mais oui vraiment. Nous avons perdu trois villes depuis six mois. Les membres meurent si mal à propos !

— Lord Staunch est-il casé ? » demanda Lumley. Or lord Staunch était un des grands chevaux de bataille populaires de l’administration ; il ne remplissait aucune fonction publique, mais il jouait un rôle éminemment utile à tous les gouvernements ; il appuyait la politique ministérielle de la manière la plus désintéressée. On savait qu’il avait refusé des places, et qu’il se piquait d’indépendance. Il aidait le gouvernement à franchir le saut périlleux, chaque fois que celui-ci se trouvait momentanément éclopé ; car c’était un homme d’une grande influence dans le pays. Lord Staunch avait inconsidérément renoncé à un bourg clos, pour briguer les suffrages d’une grande ville, et il avait échoué. Cet échec était cité partout comme une preuve de l’impopularité croissante du ministère.

« Mais il faut qu’il reprenne son ancien siége, répondit le secrétaire : les Trois-Chênes. C’est un bon petit endroit très-