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— La voici. »

Ferrers rapprocha sa chaise du feu, et lut son œuvre avec toute la satisfaction d’un auteur anonyme.

« Que de bonté ! que de prévoyance ! quels termes délicats ! Une double faveur ! Mais peut-être, en définitive, cela ne s’accorde-t-il pas avec votre désir ?

— En quoi ?

— Mais… mais… en ce qui me concerne.

Vous ! Il est donc question de vous ? Je n’ai pas remarqué cela ; voyons.

— Les oncles ne sont jamais égoïstes !… Prendre cela en note sur mon calepin ! pensa Ferrers. »

L’oncle fronça les sourcils en relisant la lettre.

— Cela ne se peut pas, Lumley, dit-il très-brièvement, quand il eut fini.

— Un siége au parlement est donc un trop grand honneur pour un pauvre neveu, monsieur ? dit Lumley d’un ton amer ; il n’éprouvait aucune amertume, mais ce ton-là était de mise en pareille circonstance. J’ai fait tout mon possible pour servir votre ambition, et vous ne voulez pas même me tendre la main pour m’aider à faire un pas de plus dans ma carrière. Mais pardonnez-moi, monsieur, je n’avais pas le droit de m’y attendre.

— Lumley ! répondit Templeton avec bonté, vous vous méprenez. J’ai une bien plus haute opinion de vous qu’autrefois ; bien plus haute. Vous avez certainement une conduite rangée et sérieuse qui est digne des plus grands éloges, et vous irez au parlement si vous le désirez ; mais vous ne représenterez pas la ville de C***. J’y appuierai de mon influence quelque autre protégé du gouvernement, et en revanche on pourra vous donner un bourg de la Trésorerie ! Cela reviendra au même pour vous. »

Lumley fut agréablement surpris ; il serra chaleureusement la main de son oncle, et le remercia de l’air le plus cordial. M. Templeton lui expliqua alors qu’il était incommode et dispendieux pour un membre du parlement de représenter un endroit où sa famille était connue, et Lumley souscrivit volontiers à tout.

« Quant à la succession du titre, tout cela s’arrangera pour le mieux, dit Templeton ; puis il s’abîma dans une rêverie profonde, qu’il interrompit gaiement tout à coup, en disant : Oui, tout cela va s’arranger pour le mieux. J’ai des projets,