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Le ministère était fort, mais pas assez pourtant pour perdre des partisans qui s’étaient montrés zélés jusque-là ; l’exemple de la désertion est contagieux. Dans la ville qu’avait autrefois représentée Templeton, et où il commandait presque aujourd’hui, une vacance s’offrit tout à coup. Un candidat de l’opposition se présenta et commença à solliciter les votes. À sa surprise et à l’effroi du ministre des finances, Templeton ne présenta personne, et ne fit aucun usage de son influence. Lord Saxingham se rendit, en toute hâte, chez Lumley.

« Mon cher, que veut dire tout ceci ? À quoi songe donc votre oncle ? Nous allons perdre l’appui de cette ville, l’une de nos forteresses. Les paris sont égaux.

— Oh ! c’est que, voyez-vous, vous avez très-mal agi vis-à-vis de mon oncle. J’en suis vraiment désolé, mais je n’y puis rien.

— Quoi ! serait-ce ce maudit titre ? on ne peut donc pas le contenter à moins ?

— C’est à prendre ou à laisser.

— Pardieu ! il faut qu’on le lui donne alors.

— Et encore, il sera peut-être trop tard.

— Ah ! croyez-vous ?

— Voulez-vous remettre l’affaire entre mes mains ?

— Certainement ; vous êtes un gaillard qui avez de l’esprit comme un diable, et nous vous estimons tous.

— Asseyez-vous, et écrivez ce que je vais vous dicter, mon cher lord.

— Bon ! dit lord Saxingham, en s’asseyant devant l’énorme bureau de Lumley : bon, allez !

« Mon cher monsieur Templeton

— C’est trop familier, dit lord Saxingham.

— Pas le moins du monde, continuez :

« Mon cher monsieur Templeton.

« Nous désirons vivement que votre influence parlementaire auprès de la ville de C*** s’exerce en faveur d’une candidature convenable, c’est-à-dire en faveur de votre famille, dans laquelle l’administration que vous honorez de votre appui a toujours trouvé ses plus courageux défenseurs. Nous voulons, en même temps, vous exprimer tout particulièrement notre confiance dans vos principes, et notre reconnaissance pour votre suffrage. Permettez-moi donc, en considération du lien de parenté qui existe entre nous, de vous prier d’appuyer im-