LIVRE VII.
CHAPITRE PREMIER.
Lumley Ferrers était un de ces hommes rares qui agissent d’après un système organisé, profond, et mûrement considéré ; dès son enfance il en avait été ainsi. Quand il eut vingt et un ans, il se dit : « La jeunesse est la saison du plaisir : les triomphes de l’âge mûr, l’opulence de la vieillesse ne peuvent nous dédommager d’une jeunesse consacrée à des travaux insipides. » Conformément à cette maxime, il s’était décidé à n’embrasser aucune carrière. Comme il aimait à voyager, et qu’il était d’un caractère remuant, il s’était procuré à l’étranger toutes les jouissances que pouvait lui permettre son modeste revenu. Avec ce revenu, il était plus riche sur le continent qu’il ne l’eût été en Angleterre, et ce fut encore une des raisons qui lui firent prolonger ses voyages. À présent que les fantaisies et les passions de sa jeunesse étaient rassasiées, et que les facultés plus sérieuses de son esprit, mûries par une connaissance approfondie de l’humanité, s’étaient développées et concentrées en une ambition telle qu’il était dans sa nature