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actifs ; et, quelque sagesse nouvelle que vous acquériez, elle deviendra aussi apparente, aussi utile, soit qu’elle se manifeste par des actions ou par des livres. Mais en voilà assez, mon cher Ernest. Je suis venu dîner avec vous, et vous prier de m’accompagner ce soir dans une maison où vous serez le bienvenu, et où je crois que vous vous plairez. Point d’excuses. J’ai promis à lord Latimer de lui faire faire votre connaissance, et c’est un des hommes les plus remarquables parmi ceux avec qui la vie politique va vous mettre en relation. »

Ainsi c’était un état de santé, qui, chez la plupart des hommes, eût été une excuse pour se livrer à l’indolence, qui avait décidé Maltravers à changer ainsi d’habitudes, et à passer de la solitude du cabinet à l’agitation du sénat. Mais il ne pouvait être inactif ; il avait dit la vérité à Ferrers : l’activité était la première condition de son existence. Si la pensée, avec sa fièvre et son énergie douloureuse avait été une maîtresse trop impitoyable pour les nerfs et le cerveau, les travaux vulgaires et simples de la politique pratique laisseraient l’imagination et l’intelligence au repos, tout en stimulant des qualités et des dons plus robustes, qui animent sans épuiser. C’est du moins ce qu’espérait Maltravers. Il se souvenait de cette maxime profonde d’un de ses auteurs allemands favoris : « Pour conserver la parfaite santé de l’esprit et du corps, il est nécessaire de se mêler, habituellement et de bonne heure, aux affaires ordinaires des hommes. »

Et sa correspondante anonyme ? Les exhortations avaient-elles eu quelque influence sur la décision d’Ernest ? Je n’en sais rien. Mais lorsque Cleveland le quitta, Maltravers ouvrit son pupitre, et relut la dernière lettre qu’il avait reçue de son inconnue. La dernière lettre ! oui, ces épîtres étaient maintenant devenues fréquentes.