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encore, mais vous ne saurez jamais qui je suis ; et je souhaite que nous ne nous rencontrions jamais dans cette vie ! »


CHAPITRE V.

Qu’Amri vienne ensuite sur la liste de nos nobles.
(Absalon et Achitophel.)
Sine me vacivum tempus ne quod Dem mihi

laboris.

(Ter.)

Un groupe de jeunes gens causaient près de la porte d’un club dans la rue de Saint-James.

« Je ne puis imaginer, dit l’un d’eux, ce qui est arrivé à Maltravers. Remarquez donc (c’est lui qui passe, là-bas… de l’autre côté du chemin), remarquez donc comme il est changé ? Il est courbé comme un vieillard, et c’est à peine s’il lève les yeux de terre. Il a certainement l’air triste et malade !

— C’est parce qu’il écrit des livres, je pense.

— Ou qu’il est marié secrètement.

— Ou qu’il devient trop riche ; les riches sont toujours malheureux.

— Ah ! Ferrers, comment vous portez-vous ?

— Comme-ci, comme-ça ! Quelles nouvelles ? répondit Ferrers.

— Rattler paye.

— Ah ! mais en politique ?

— Au diable la politique ! Est-ce que vous allez donner dans la politique ?

— À mon âge reste-t-il autre chose à faire ?

— C’est ce que je disais en voyant votre chapeau ; tous les hommes politiques portent des chapeaux excentriques. C’est fort extraordinaire, mais c’est là le grand symptôme de cette maladie.

— Mon chapeau ! est-ce qu’il est vraiment excentrique ? dit Ferrers en ôtant l’objet en question et en l’examinant d’un air sérieux.

— Mais, où donc a-t-on jamais vu un rebord pareil ?

— Je suis enchanté de ce que vous me dites.

— Pourquoi donc, Ferrers ?