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gner. Car je veux être riche ; et puisque les pères (je ne veux pas dire les pères de l’Église, mais ceux dont parle Horace qui disaient à la jeune génération que la première chose à faire, c’est de vouloir être riche), la seconde doit être de considérer quels sont les moyens de le devenir.

— En attendant, Ferrers, vous serez mon commensal.

— Je dînerai aujourd’hui avec vous ; mais demain je vais à Fulham pour être présenté à ma tante. Ne la voyez-vous pas d’ici ? Une robe de gros de Naples gris ; une chaîne d’or avec un lorgnon ; un peu forte ; deux chiens carlins et un perroquet ! Ne vous effrayez pas ; c’est un portrait de fantaisie. Je n’ai pas encore vu ma respectable parente avec mes yeux physiques. Voyons, que mangerons-nous à dîner ? Laissez-moi choisir, car vous n’avez jamais été fort pour dresser un menu. »

En entendant Ferrers babiller de la sorte, Maltravers se sentait rajeunir ; les souvenirs du temps passé et des aventures d’autrefois lui revenaient en foule ; et les deux amis passèrent ensemble une journée fort agréable. Seulement, le lendemain matin, Maltravers, lorsqu’il repassa dans son esprit toutes leurs causeries de la veille, fut forcé de reconnaître, à contre-cœur, que l’inerte égoïsme de Lumley Ferrers s’était endurci en un système décidé d’absence de principes qui peut-être en ferait un homme dangereux, un véritable intrigant, les circonstances aidant.


CHAPITRE II.

Dauph. Monsieur, il faut que je vous parle. Je suis votre parent depuis longtemps méprisé.

Morose. Oh ! comme tu voudras, mon neveu.

(Épicène.)
Son silence est une dot ; sa voix est d’une douceur excessive ; économe de ses paroles, elle ne dépense que six mots par jour.
(Le même.)

La voiture déposa M. Ferrers à la grille d’une villa située à trois milles environ de la capitale. Le concierge se chargea de son sac de nuit, et Ferrers, les mains derrière le dos (c’é-