Page:Bulwer-Lytton - Ernest Maltravers.pdf/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne connaissez-vous personne à qui vous puissiez demander asile ?

— Non, monsieur ; car je ne puis aller où va mon père, de crainte qu’il ne me retrouve.

— Eh bien, alors, cherchez quelque modeste auberge, et rencontrez-moi ce soir, ici, à un demi-mille de la ville, à sept heures. Dans l’intervalle je m’occuperai de vous. Mais vous paraissez fatiguée, vous marchez avec difficulté ; peut-être serez-vous trop lasse pour venir jusqu’ici ? Je veux dire que vous aimeriez peut-être mieux vous reposer un jour de plus ?

— Oh ! non, non ! Vous voir encore, cela me fera du bien, monsieur. »

Leurs yeux se rencontrèrent, mais la jeune fille ne baissa pas les siens ; des larmes en voilaient l’azur… ces larmes pénétrèrent dans l’âme du jeune homme.

Il se retourna vivement, et s’aperçut qu’ils étaient déjà de venus des objets de curiosité pour les passants qui les rencontraient.

« N’oubliez pas ! lui dit-il tout bas, » et il la devança d’un pas rapide qui l’eut bientôt amené à la ville.

Il demanda le principal hôtel, et y entra, avec cet air indéfinissable de supériorité, qui appartient aux personnes accoutumées à acheter la bienvenue, partout où la bienvenue peut s’acheter ou se vendre. Assis auprès d’un feu pétillant devant un ample déjeuner, il ne fut pas longtemps à oublier les terreurs de la nuit précédente, ou plutôt il se réjouit de pouvoir ajouter cet étrange et nouvel épisode aux autres aventures d’Ernest Maltravers.