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LIVRE V.


CHAPITRE PREMIER.


Mon génie étend les ailes, et s’envole aux lieux où la brise du printemps caresse l’occident, la Grande-Bretagne ......

Je vois passer les maîtres de l’humanité, l’orgueil dans le maintien, le défi dans les yeux, tout préoccupés de grands projets.

(Goldsmith.)


Je n’ai pas de respect pour un Anglais qui rentre à Londres, après un long séjour à l’étranger, sans que son pouls batte plus vite, sans que son cœur palpite plus fort. Les édifices publics y sont peu nombreux, et, pour la plupart, mesquins ; les monuments de l’antiquité n’y sont pas comparables à ceux qu’offre la moindre ville d’Italie ; les palais y sont d’une triste médiocrité ; les demeures de nos nobles et de nos princes sont de laids et informes monceaux de briques. Mais qu’importe tout cela ? L’esprit de Londres est dans ses rues, dans sa population ! Quelle opulence ! Quelle propreté ! Quel ordre ! Quel mouvement ! Combien la sève de vie qui coule dans ses myriades d’artères est imposante, et pourtant combien elle est ardente ! Et quand le soir, le gaz rayonne de toutes parts et que, l’une après l’autre, les rues disparaissent sous les roues de la voiture qui vous entraîne, chacune d’elles si régulière dans sa symétrie, si égale dans sa civilisation, semble vous dire : C’est ici la Cité des hommes libres !

Oui, Maltravers sentit son cœur se gonfler d’orgueil, tandis que les chevaux de poste entraînaient sa poudreuse voiture sur le pont de Westminster, tout du long de White-Hall, à