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— Mais il n’est pas encore mort, dit le banquier en frémissant.

— Monsieur, il n’a pas une minute à vivre. Darvil se dressa tout debout ; il brandit son poing fermé au visage de ses vainqueurs, et un hurlement affreux et confus, que la nature de sa blessure ne lui permit pas d’articuler en imprécation, s’échappa de son sein ; il retomba sur-le-champ à plat sur le dos… ce n’était plus qu’un cadavre.

— Je crois, monsieur, dit le plus vieux des officiers en s’en allant, que vous l’avez échappé belle ; mais comment vous êtes-vous trouvé ici ?

— C’est plutôt à vous qu’il faut demander ça.

— C’est ce brave Hodge, là-bas, avec la lanterne, qui, en allant tendre des pièges à lapins, a remarqué notre homme caché derrière la meule de foin. Il avait vu le signalement que nous avions publié de Watts, et il savait que nous étions dans un cabaret à quelques milles d’ici. Il est venu nous chercher, il nous a conduits où vous voyez, nous avons entendu des voix, nous avons découvert la lanterne, et nous avons vu notre homme.

— Hodge, vous êtes un bon sujet, et vous aimez la justice.

— Oui, et j’aurai la récompense, n’est-ce pas ? dit Hodge en montrant les dents.

— Nous parlerons de cela plus tard, dit l’officier. Guillaume, comment cela va-t-il, mon garçon ?

— Mal, » dit le pauvre agent de police avec un gémissement, et un flot de sang lui sortit par la bouche en même temps.

Il se passa plusieurs jours avant que l’ex-représentant de la ville de C*** eût recouvré suffisamment le calme de son esprit pour penser à Alice ; quand il y pensa, il éprouva beaucoup de satisfaction en réfléchissant que Darvil n’était plus, et que le brigand décédé n’était connu dans le voisinage que sous le nom de Pierre Watts.