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— Ah ! monsieur, sauvez-moi !… vous êtes bon… vous êtes puissant… sauvez-moi !… il est revenu !

— Il est revenu !… Qui donc ? M. Butler ? dit le banquier (car c’était lui) d’une voix altérée et tremblante.

— Non, non !… Ah ! ce n’est pas lui !… je n’ai pas dit que c’était lui ! j’ai dit que c’était mon père… mon… mon… Ah ! regardez derrière moi, regardez !… Vient-il ?

— Calmez-vous, ma jeune amie ; il n’y a personne auprès de nous. J’irai parler à votre père. Personne ne vous fera de mal ; je vous protégerai, moi. Retournez chez vous, retournez chez vous, je vous suivrai ; il ne faut pas qu’on nous voie ensemble.

— Non, non, dit Alice, qui devint encore plus pâle, je ne puis m’en retourner.

— Eh bien alors, suivez-moi jusqu’à la porte. Votre servante vous donnera votre chapeau et vous conduira chez moi, où vous attendrez jusqu’à ce que je revienne. Pendant ce temps là je verrai votre père, et je vous débarrasserai, j’espère, de sa présence. »

Le banquier, qui parlait précipitamment et même d’un ton impatienté, n’attendit pas de réponse, et se dirigea vers la maison d’Alice. Alice ne le suivit pas, et resta dans l’endroit même où il l’avait quittée ; sa servante l’y rejoignit bientôt, et la conduisit à la demeure de l’homme riche… Mais l’esprit d’Alice ne pouvait se remettre de la secousse qui l’avait ébranlé, et l’égarement de ses idées avait quelque chose d’effrayant.