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Chœur.

Ton chant rendit à l’esclavage
Le fier Teuton et le Gaulois.
Jadis devant notre courage
Mais aujourd’hui devant ta voix
Ils ont perdu leur arrogance ;
Et comme des rois tout-puissants
L’amour obtient obéissance,
De même as-tu fait par tes chants.
La lune efface les étoiles,
Et par elle la sombre nuit
Perd son ombre et n’a plus de voiles ;
L’âme est un jour nouveau qui luit
Au fond de l’homme qu’elle anime.
De même les divins accents
Ont un je ne sais quoi sublime
Qui donne à tout un nouveau sens.

Récitatif.

Qu’on honore à jamais le nom de cette reine,
Qui sait faire sentir les mystères du chant :
Sa voix de nos tyrans assoupissait la haine,
Et Rome en écoutant ton organe touchant
Oubliait ses affronts et son triste esclavage ;
Ton triomphe éclatait comme un brillant éclair
Qui lui faisait penser que ton divin langage
Reprenait le pouvoir qu’avait perdu le fer.


« Tu te repens, ma Teresa, d’avoir renoncé à ta brillante carrière pour un intérieur monotone, avec un mari assez âgé pour être ton père, dit le mari à sa femme, avec un sourire qui exprimait sa confiance dans sa réponse.

— Oh non ! Cet hommage même que je reçois serait sans charmes pour moi, s’il n’était entendu de toi. »

C’était une personne célèbre en Italie, que la signora Cesarini, maintenant madame de Montaigne ! Sa première jeunesse s’était passée au théâtre, et sa réputation de cantatrice avait été des plus retentissantes. Après une carrière théâtrale courte, mais splendide, elle avait épousé un gentilhomme français, noble et riche, elle s’était retirée du théâtre, et elle partageait sa vie entre les brillants salons de Paris et les bords rêveurs du lac de Côme, où son mari avait acheté une petite mais charmante villa. Cependant, dans sa vie privée, elle continuait à exercer son art enchanteur, auquel cette femme singulière-