Page:Bulwer-Lytton - Ernest Maltravers.pdf/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE III.


CHAPITRE PREMIER.


Asseyons-nous en ces lieux, et que les sons de la musique se glissent dans nos oreilles. Les accents d’une suave harmonie s’accordent bien avec le doux silence et la nuit.
(Shakspeare.)


BARCAROLE CHANTÉE SUR LE LAC DE CÔME.


Climat délicieux ! climat de l’Italie !
Par ton charme enivrant l’infortune s’oublie ;
C’est chez toi que l’amour vient dresser ses autels,
Et des cieux attentifs les regards paternels
Pour tes heureux enfants ont gardé leur sourire ;
La fleur qui vient d’éclore au souffle de zéphyre,
Le rayon qui te verse une douce chaleur
À s’embellir pour toi ressentent du bonheur.

Lac sacré, tu parais une mer argentée,
Reflétant les soleils de la route lactée.
Diane chasseresse, avec la chaste cour
De ses nymphes au cœur insensible à l’amour,
Ne reposa jamais dans un bain plus limpide
Ses membres fatigués d’une course rapide.
Vois, la reine des nuits et les astres des cieux
Maintenant dans tes flots se cachent à nos yeux.

Bel enfant de ces monts qu’habite le silence,
Je t’envie et bénis ta molle nonchalance !
Que le mortel troublé par de tristes destins,
Emporte loin de toi sa peine et ses chagrins.
Nul n’a droit de flétrir la douceur de ta vie ;
Repose mollement sur ta couche bénie