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misérable imprimeur avant qu’il ait eu l’impudence de nous déshonorer en ayant de la famille, n’est-ce pas, mon oncle ? »

Le capitaine Roland essaya de froncer les sourcils, mais il ne put y parvenir.

« Bast ! » fit-il ; puis il s’arrêta pour prendre une prise. « Le monde des morts est vaste ; pourquoi leurs ombres nous coudoieraient-elles ?

— Nous ne pouvons jamais échapper à ces ombres, mon oncle. Elles nous hantent toujours. Nous ne pouvons ni penser ni agir sans que l’âme de quelque homme qui a vécu avant nous vienne nous montrer notre chemin. Les morts ne meurent pas, surtout depuis…

— Depuis quand, mon garçon ? Vous parlez bien.

— Depuis que notre illustre ancêtre a propagé l’imprimerie, » répondis-je avec majesté.

Mon oncle se mit à siffler : Malbrouk s’en va-t-en guerre.

Je n’eus pas le courage de le taquiner plus longtemps.

« Faisons la paix ! dis-je en m’introduisant prudemment dans le cercle où pouvait porter sa canne.

— Non ; je vous préviens…

— La paix ! et faites-moi le portrait de ma cousine, votre jolie petite fille, car je suis sûr qu’elle est jolie.

— Eh bien, oui, la paix ! dit mon oncle en souriant. Mais il faudra que vous veniez juger par vous-même de la beauté de votre cousine. »


CHAPITRE II.

L’oncle Roland est parti. Avant de s’en aller, il est resté enfermé pendant une heure avec mon père, qui l’a accompagné ensuite jusqu’à la porte. Nous étions tous réunis autour de lui lorsqu’il est monté dans sa chaise. Après son départ, j’essayai de sonder mon père sur ce qui pouvait l’avoir décidé si soudainement ; mais il fut impénétrable sur tout ce qui avait rapport aux secrets de son frère. Le capitaine lui avait-il confié la cause