Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Eh quoi ! c’est vous, monsieur ? Si matinal ! Écoutez, cinq heures sonnent.

— Pas plus ! Alors j’ai bien marché pour un boiteux. Il doit y avoir plus de quatre milles, pour aller et venir, d’ici à ***.

— Vous avez poussé jusqu’à *** ! pas pour affaire ? Personne n’y doit être levé !

— On trouve toujours quelqu’un debout dans les auberges. Les valets d’écurie ne dorment jamais. Je suis allé commander mon humble chaise attelée de deux chevaux. Je vous quitte aujourd’hui, neveu.

— Ah ! mon oncle, nous vous avons offensé. J’étais fou ; ce maudit impr…

— Bah ! reprit mon oncle vivement, m’offenser ! je vous en défie, enfant ! »

Et il me serra rudement la main.

« Mais cette détermination Soudaine ! Hier encore, au camp romain, vous projetiez avec mon père une excursion au château de G…

— Ne comptez jamais sur un homme capricieux. Il faut que je sois à Londres ce soir.

— Vous reviendrez demain ?

— Je ne sais quand je reviendrai, » dit mon oncle avec tristesse ; et il garda le silence pendant quelques moments. Enfin, s’appuyant un peu plus sur mon bras, il continua : « Jeune homme, vous m’avez plu. J’aime votre front ouvert et hardi sur lequel la nature a écrit : Ayez confiance en moi. J’aime ces yeux limpides qui regardent bravement un homme en face. Il faut que je vous connaisse mieux… que je vous connaisse beaucoup. Il faut que vous veniez me voir quelque jour dans le donjon ruiné de votre ancêtre.

— De tout mon cœur ! Et vous me montrerez la vieille tour.

— Avec les restes des fortifications extérieures ! s’écria mon oncle en brandissant sa canne.

— Et l’arbre généalogique.

— Oui, et l’armure que votre trisaïeul porta à Marston-Moor.

— Et la plaque de bronze dans l’église, mon oncle.

— Au diable ce gamin ! Allons, venez ici. J’ai trois fois envie de vous casser la tête, monsieur.

— C’est bien dommage que personne n’ait cassé la tête à ce