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descend des Plantagenêts), une attention royale pour un roi. Cela coûta quelque argent et fit quelque bruit. Une femme peut, avec une simple tasse de porcelaine, faire preuve d’un cœur aussi royalement délicat, et cela si tranquillement, frère Austin, que nous autres hommes ne voyons là qu’une chose fort ordinaire.

— Vous êtes un si grand adorateur des femmes, Roland, qu’il est triste de vous voir vivre seul. Il faut vous remarier. »

Mon oncle commença par sourire, puis fronça le sourcil, puis poussa un profond soupir.

« Le temps vous paraîtra bien long dans votre vieille tour, pauvre frère, sans autre compagnie que celle de votre petite fille.

— Et le passé ! dit mon oncle ; le passé, ce monde immense…

— Lisez-vous encore vos vieux bouquins de chevalerie, Froissard et les chroniques, Palmerin d’Angleterre et Amadis des Gaules ?

— Mais, répondit mon oncle en rougissant, j’ai essayé de m’instruire au moyen de livres un peu plus substantiels… Et puis, ajouta-t-il avec un malin sourire, nous allons avoir votre grand ouvrage, qui nous fera passer plus d’un long hiver.

— Hum ! fit mon père modestement.

— Savez-vous, reprit mon oncle, que dame Primmins est une femme très-intelligente, pleine d’imagination et grande conteuse d’histoires ?

— N’est-ce pas, mon oncle ? m’écriai-je en laissant mon renard dans un coin. Ah ! si vous l’aviez entendue contant l’histoire du roi Arthur et du lac enchanté, ou celle de la méchante Femme blanche !

— Je les lui ai déjà entendu conter toutes deux.

— Quel démon vous êtes, frère ! Ma chère amie, il faut faire attention à cela. Ces capitaines sont des hommes dangereux dans une maison rangée. Où avez-vous trouvé, je vous prie, l’occasion d’avoir des rapports aussi intimes avec Mme Primmins ?

— Une fois je suis entré dans sa chambre tandis qu’elle raccommodait mon bas, et une autre fois… »