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jour, et tous les livres qu’ils ont imprimés, auprès d’une blessure faite à ton noble cœur, frère Roland ? Honte sur moi ! Vous connaissez le faible d’un savant. Sans doute je n’aurais jamais dû apprendre à ce garçon quelque chose qui pût vous faire de la peine, frère Roland, quoique je ne me rappelle pas, continua mon père d’un air embarrassé, lui avoir jamais parlé de cela. Pisistrate, si vous estimez ma bénédiction, respectez, comme un de vos ancêtres, sir William de Caxton, le héros de Bosworth. Venez, venez, frère !

— De quelque côté que je retourne la chose, dit l’oncle Roland, je suis un vieux fou ! Ah ! petit coquin, c’est toi qui ris de nous deux !

— J’ai donné ordre de servir le déjeuner sur la pelouse, dit ma mère en sortant du vestibule, ayant sur les lèvres son plus joyeux sourire, et j’espère que le diable ne fera rien qu’à votre fantaisie aujourd’hui, frère Roland !

— Nous avons déjà assez du diable, mon amie, » dit mon père en s’essuyant le front.

Ainsi, tandis que les oiseaux gazouillaient au-dessus de nos têtes, ou sautillaient familièrement sur le gazon pour becqueter les miettes qu’on leur jetait ; tandis que le soleil montait encore à l’orient, et que les feuilles frémissaient sous l’effort de la brise parfumée du matin, nous nous mîmes à table, tous aussi réconciliés de cœur, tous aussi bien disposés à remercier Dieu de la belle nature qui nous entourait, que si la rivière n’avait jamais été rougie par le sang répandu à Bosworth, et que si cet excellent M. Caxton n’avait pas mis aux prises tout le genre humain par son invention, mille fois plus provocante pour nos instincts de combativité, que le son de la trompette et l’éclat des bannières.


CHAPITRE V.

« Frère, dit M. Caxton, nous ferons un tour jusqu’au camp romain. »