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d’avoir des idées à vous, mais vous devriez prendre garde qu’elles ne viennent souiller votre enfant.

— Souiller ! » répéta mon père ; et pour la première fois je vis dans ses yeux une étincelle de colère, mais il se contint aussitôt. « Rétractez ce mot, mon cher frère !

— Non, monsieur, je ne le rétracterai pas. Révoquer en doute les archives de la famille !

— Les archives ! une plaque de bronze dans une église de village, en contradiction avec tous les documents du collège héraldique !

— Renier pour ancêtre un chevalier mort au champ d’honneur !

— En défendant la pire des causes que les hommes aient jamais défendue !

— Un chevalier mort pour son roi !

— Un roi qui avait assassiné ses neveux !

— Un chevalier qui avait notre cimier sur son casque !

— Et pas de cervelle dessous, sans quoi il ne se serait jamais fait casser le crâne pour un misérable assassin !

— Un vil imprimeur qui s’épuisa pour gagner de l’argent !

— Le savant et glorieux importateur de l’art qui a éclairé le monde ! Préférer pour ancêtre, à un homme que les savants et les sages ne nomment jamais sans lui rendre hommage, un indigne, obscur et stupide nigaud en cotte de mailles, qui n’a laissé d’autre souvenir qu’une plaque de bronze dans une église de village ! »

Le visage de mon oncle devint livide.

« Assez, monsieur, assez ! Je suis suffisamment insulté. J’aurais dû m’y attendre. Je vous souhaite bien le bonjour, à vous et à votre fils ! »

Mon père était frappé d’horreur. Le capitaine se dirigeait en clopinant vers la grille ; un moment encore, il était hors de notre enceinte. Je courus me pendre après lui.

« Mon oncle, c’est moi qui suis cause de tout cela. Entre vous et moi, je suis tout à fait de votre avis ; je vous en prie, pardonnez-nous à tous deux. À quoi pensais-je donc de vous contrarier ainsi ? Et mon père, qui était si heureux de votre visite ! »

Mon oncle s’arrêta, cherchant le loquet de la porte. Mon père nous avait rejoints ; il prit sa main.

« Que sont tous les imprimeurs qui ont vécu jusqu’à ce