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de vingt ans plus âgé, quoiqu’il n’y ait réellement que cinq ans de différence. Votre père aura toujours l’air jeune.

— Et pourquoi l’oncle Roland a-t-il mis cet absurde de français devant son nom ? Pourquoi mon père et lui n’étaient-ils pas bons amis ? est-il marié ? a-t-il des enfants ? »

Scène de cette conférence : Ma petite chambre qui a été tendue d’un papier neuf pour fêter mon retour ; papier à treillage, avec fleurs et oiseaux, si frais, si brillant, si gai ! Mes livres rangés sur des rayons polis ; une table à écrire près de la fenêtre. Au dehors, clair de lune et silence. La fenêtre est entr’ouverte. On respire le parfum des fleurs et du foin fraîchement coupé. Onze heures passées. L’enfant est seul avec sa chère mère.

« Mon ami ! mon ami ! Vous me demandez tant de choses à la fois !

— Alors n’y répondez pas. Commencez par le Commencement comme fait la bonne Primmins pour ses contes de fées : Il y avait une fois…

— Eh bien, soit. Il y avait une fois, dit ma mère en me baisant entre les deux yeux, il y avait une fois dans le Cumberland un certain ministre qui avait deux fils. Son bénéfice était peu considérable, et les garçons devaient se frayer un chemin dans le monde. Tout près du presbytère, sur le sommet d’une colline, s’élevait une tour au milieu d’une vieille ruine ; et cette ruine, avec tout le pays d’alentour, avait autrefois appartenu à la famille du pasteur. Mais tout avait été vendu pièce par pièce, mon ami ; et il ne restait plus que la survivance du bénéfice, qui avait été assurée au dernier de la famille. De ces deux enfants, l’aîné était votre oncle Roland, et le cadet votre père. Je crois que leur première querelle naquit de la plus absurde des choses, comme dit votre père. Roland était excessivement susceptible pour tout ce qui regardait ses ancêtres. Il avait toujours les yeux collés sur le vieil arbre généalogique, ou bien lisait des histoires de chevaliers errants. Pour moi, je ne sais où commençait cette généalogie ; mais il paraît que le roi Henri II avait donné certaines terres du Cumberland à un sir Adam de Caxton, et depuis ce temps-là, voyez-vous, la généalogie se suit régulièrement de père en fils jusqu’au règne d’Henri V. À partir de ce prince, probablement par suite des troubles et des désordres résultant de la guerre des