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TROISIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Ce fut dans l’après-midi d’un beau jour d’été que la voiture me déposa devant la porte de mon père. Mme Primmins accourut pour me recevoir, et je n’échappai à la vive étreinte de sa main amie que pour être serré dans les bras de ma mère.

Dès que cette plus tendre des mères fut bien convaincue que je ne mourais pas de faim (j’avais dîné deux heures auparavant chez le docteur Herman), elle me conduisit doucement, à travers le jardin, vers le berceau.

« Vous trouverez votre père si content ! dit-elle en essuyant une larme. Son frère est avec lui. »

Je m’arrêtai. Son frère ! Le lecteur le croira-t-il ? je n’avais jamais entendu dire qu’il eût un frère, tellement on parlait peu, devant moi, des affaires de famille. « Son frère ! dis-je. Ai-je donc un oncle Caxton comme j’ai un oncle Jack ?

— Oui, mon ami, » répondit ma mère. Et elle ajouta : « Votre père et lui n’étaient pas aussi bons amis qu’ils auraient dû l’être, et le capitaine a vécu loin de son pays. Mais ils sont maintenant tout à fait réconciliés, Dieu merci ! » Nous n’eûmes pas le temps d’en dire davantage. Nous étions arrivés au berceau, où était dressée une table couverte de vins et de fruits. On était au dessert. Les convives étaient mon père, l’oncle Jack, M. Squills, et un personnage grand, maigre, boutonné jusqu’au menton, droit, martial,