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avec une sorte de douce mélancolie, chacun des lieux qui m’étaient familiers : la caverne de voleurs que nous avions creusée en hiver, et défendue à six contre toute la police du petit royaume ; la place près de l’enceinte où j’avais combattu mon premier combat ; le vieux tronc de hêtre sous lequel je m’asseyais pour lire les lettres de chez moi ! Avec mon couteau, riche de six lames (outre un tire-bouchon, un tire-bouton et un taille-plume), je sculptai mon nom en grandes capitales sur mon pupitre.

La nuit vint, la cloche sonna, et nous nous rendîmes dans nos chambres. J’ouvris la fenêtre et regardai dehors. Je vis les étoiles et cherchai quelle pouvait être la mienne, celle qui devait conduire à la célébrité et à la fortune le jeune homme entrant dans le monde. L’espoir et l’ambition remplissaient mon cœur, et pourtant la mélancolie les accompagnait. Ah ! lecteurs, lequel d’entre vous pourrait se rappeler toutes les pensées douces et tristes, tous les regrets du passé, regrets contenus et presque ignorés, tous ces vagues désirs de l’avenir, qui changent le plus grossier d’entre nous en poète, la veille du jour où nous sortons définitivement de l’enfance et du collège ?