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ment, comme Épicure. Cela posé, que le garçon est le jeune mâle de l’homme, il avait le choix entre une foule de définitions. Il pouvait dire :

« L’homme est un estomac ; ergo le garçon est un jeune estomac mâle.

« L’homme est un cerveau ; le garçon est un jeune cerveau mâle.

« L’homme est un composé d’habitudes ; le garçon est un jeune composé d’habitudes mâle.

« L’homme est une machine ; le garçon est une jeune machine mâle.

« L’homme est un singe sans queue ; le garçon est un jeune singe sans queue mâle.

« L’homme est une combinaison de gaz ; le garçon est une jeune combinaison de gaz mâle.

« L’homme est une apparence ; le garçon est une jeune apparence mâle, » etc., etc., etc., ad infinitum.

Et si aucune de ces définitions n’avait entièrement satisfait mon père, je suis bien persuadé qu’il ne se serait jamais adressé à Mme Primmins pour en avoir une nouvelle.

Mais il se trouvait que mon père était en ce moment occupé à réfléchir sur cette importante question : « L’Iliade a-t-elle été écrite par un certain Homère, ou n’est-elle pas plutôt une collection de ballades compilées en grec par divers auteurs, et finalement recueillies, composées et réunies en un tout par un comité de gens de goût, sous la direction du vieux tyran Pisistrate ? » Et cette brusque affirmation : C’est un garçon, ne lui semblait pas faire suite à ses pensées. C’est pour cela qu’il demanda : Qu’est-ce qu’un garçon ? d’un ton distrait et comme un homme surpris.

« Ô Seigneur ! monsieur, s’écria Mme Primmins ; qu’est-ce qu’un garçon ? eh ! mais c’est le petit enfant !

— Le petit enfant ! répéta mon père en se levant. Quoi ! vous ne voulez pas dire que Mme Caxton est…

— Si fait, reprit Mme Primmins en faisant une révérence, et mes yeux n’ont jamais vu plus joli petit enfant.

— Pauvre chère femme ! dit mon père avec compassion. Il me semble que cela est venu bien vite, ajouta-t-il d’un ton de rêveuse surprise. Il n’y a que quelques jours que nous sommes mariés !