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rons-nous pas, Squills ; mais ce jeune monsieur, que vous avez aidé à venir au monde et qui est couché dans le berceau, pourrait bien le voir.

— Et s’il le voyait, dit tout à coup mon oncle, ouvrant la bouche pour la première fois ; s’il s’agissait de défendre l’autel et le foyer…

— Allons donc ! » dit mon père, qui battit un peu en retraite, en se voyant pris dans les filets de son éloquence.

Roland détacha alors de la muraille l’épée de son fils. Puis, s’approchant du berceau, il la posa à côté de l’enfant sans la tirer du fourreau, et nous regarda tous d’un air suppliant. Blanche se pencha machinalement sur le berceau, comme pour protéger le Néogilos ; mais lorsque l’enfant se réveilla, il se détourna d’elle, et, attiré par l’éclat de la poignée, il y porta une de ses petites mains, tandis que l’autre montrait le capitaine Roland auquel il souriait.

« Pour l’autel et le foyer seulement, si mon père y consent, dis-je en hésitant. Pour rien moins que cela.

— Et même dans ce cas, reprit mon père, ajoutez le bouclier à l’épée. » Et il posa de l’autre côté de l’enfant la Bible usée de Roland, cette vieille Bible que de pieuses larmes avaient si souvent mouillée.

Nous étions tous là groupés autour de l’enfant, centre de tant d’espérances et de tant de craintes, né pour la bataille de la vie, bataille qui ne connaît jamais de trêve. Et lui, ne sachant pourquoi nous étions tous dans le silence, pourquoi nos yeux étaient pleins de larmes, avait déjà lâché son brillant joujou, et passé ses bras autour du cou de Roland penché sur lui. « Herbert ! » murmura Roland.

Blanche enleva doucement l’épée, mais laissa la Bible.

FIN.

Paris. — Imprimerie de Ch. Lahure et Cie, rue de Fleurus, 9.