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fièrement le menton en l’air et le regard dédaigneux, lorsqu’il entra pour la première fois dans la cour de récréation. Le gros Dick Johnson, à présent, je crois, grand chasseur, vint à lui et lui dit :

« Eh bien, monsieur, qui diable êtes-vous ?

« — Lord Z… répondit naïvement le pauvre garçon, fils aîné du marquis de Z….

« — Ah ! vraiment ! s’écria Johnson ; alors voici un coup de pied pour milord, et deux autres pour le marquis ! »

« Je ne raffole pas des coups de pied, mais je doute que rien ait jamais fait à lord Z… plus de bien que ces trois coups de pied ! Toutefois, lorsqu’on flatte un enfant à propos de son intelligence, les coups de pieds d’Éton ne peuvent plus faire sortir la vanité de sa tête. Qu’il soit le dernier de sa classe et la plus grande ganache qu’on ait jamais fouettée, vous trouverez toujours des gens pour dire que les collèges ne valent rien pour les enfants de génie. Dix fois contre une le père se verra forcé de prendre son fils à la maison et de lui donner un précepteur qui en fera un orgueilleux pour toujours. Un petit-maître, ajouta le marquis en souriant, est une création frivole qu’il me convient peu de condamner, et j’avoue que je préférerais un jeune homme fat pour le costume que malpropre ou négligé ; mais la fatuité en fait d’intelligence, plus on est jeune, plus cela est désagréable et contre nature… Allons, Albert, sautez-moi cette haie, monsieur !

— Cette haie, papa ! Le poney ne la sautera jamais.

— Alors, dit lord Castleton en ôtant son chapeau avec politesse, je crains bien que vous ne nous priviez du plaisir de votre compagnie. »

L’enfant se mit à rire et s’avança bravement vers la haie ; mais je voyais bien à l’altération de ses traits qu’il était un peu effrayé. Le poney ne put sauter la haie ; mais c’était un poney de ressources et de tact. Il la traversa comme un chat, non sans quelques accrocs à une veste bleu-Raphaël.

Lord Castleton dit en souriant : « Vous voyez que je leur apprends à traverser les difficultés quand ils ne peuvent passer par-dessus. Entre nous soit dit, ajouta-t-il d’un ton sérieux, je vois un monde tout nouveau se lever autour de la génération qui nous suit ; oui, un monde tout différent de celui où je fis mes premières armes et où je fus si heureux. J’élèverai mes