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DIX-HUITIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Adieu, charmant pays, Chanaan des exilés, Ararat de mainte arche brisée ! Adieu, splendide berceau d’une race à qui le temps réserve un avenir doré qu’aucun sage ne peut deviner ni aucun prophète prédire ! car cette race est destinée, peut-être, à renouveler la jeunesse du monde épuisé par les crimes et les douleurs d’une civilisation qui lutte contre les éléments de décadence qu’elle renferme, et à transmettre la grande âme de l’Angleterre à travers les cycles de l’infini changement. Tu réunis tous les climats qui peuvent le mieux mûrir tous les fruits de la terre, ou développer les divers caractères des diverses familles de l’humanité. Ta douce influence sourit avec bonté à ceux que leurs haillons ne peuvent défendre contre les vents glacés ou contre les ardeurs d’un soleil ingrat. Ici, l’air fortifiant de la froide île-mère ; là, la douce chaleur des automnes d’Italie ou l’ardeur étouffante des tropiques. Sur les rayons de tous ces climats descend l’Espérance légère. C’est d’elle qu’on peut dire ce que dit de la lumière un poète négligé :

Par les chemins des cieux, et des airs et des mers,
Tous ouverts devant toi, tu descends comme l’onde
D’un limpide ruisseau. Tout l’éclat de ce monde
Qui charme nos regards par ses tableaux divers,
C’est ton pinceau léger qui l’étend sur ta route,
Quand tu sors le matin de la céleste voûte[1].

  1. Cowley, Ode à la lumière.