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que, sur la terre étrangère, quelque action d’éclat est faite par un compatriote, nous sentons bien pourtant que nous sommes frères, et nos cœurs se réchauffent les uns les autres. Quelle lettre j’écrivis à la maison ! Avec quelle joie je rentrai dans le Bocage !

Feu-Follet avait acheté une station de bétail. Je fais un détour de cinquante milles pour lui apporter cette nouvelle et le journal ; car il sait à présent que son ancien patron, Vivian, est un Cumberlandais, un Caxton. Pauvre Feu-Follet ! Ce soir-là, son thé ressembla à un punch au whiskey. Père Matthew, pardonnez-nous ; mais si vous aviez été Cumberlandais, et si vous aviez entendu Feu-Follet chanter d’une voix de tonnerre : « Bonnets bleus, passons la frontière, » je crois bien que votre thé ne serait pas sorti de sa boîte.


CHAPITRE V.

Un grand changement est survenu dans notre ménage. Le père de Guy est mort ; il a été consolé dans ses dernières années par les rapports qu’il recevait sur la bonne conduite et la prospérité de son fils, et par les preuves d’affection que Guy lui a données : car celui-ci a insisté pour rembourser à son père toutes ses vieilles dettes de collège, ainsi que l’avance de quinze cents livres, demandant que cet argent fût ajouté à la dot de sa sœur. Or, après la mort du vieillard, la sœur a voulu venir vivre avec son cher frère Guy. Une autre aile a été ajoutée à la maison de bois. On fait des plans ambitieux pour une maison de pierre qui sera commencée l’année prochaine ; et Guy a ramené d’Adélaïde non-seulement sa sœur, mais encore, et à mon grand étonnement, une épouse, dans la personne d’une charmante amie qui accompagnait sa sœur.

La jeune demoiselle a bien fait de venir en Australie, si elle voulait se marier. Elle est très-jolie, et tous les élégants d’Adélaïde se sont pressés en foule autour d’elle. Guy en devint amoureux le premier jour, s’emporta contre trente rivaux