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DIX-SEPTIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Le rideau est baissé. Mettez-vous à votre aise, mes chers auditeurs ; que chacun cause avec son voisin. Vous, belle dame des loges, prenez votre lorgnette et regardez autour de vous. Et toi, jeune mère, qui parais si heureuse dans la galerie à deux schellings, régale Tom et la gentille petite Sal de quelques-unes de ces bonnes oranges ! Oui, braves apprentis des quatrièmes, faites entendre vos sifflets ! Et vous, très-puissants, très-graves, très-révérends seigneurs, assis au premier rang du parterre, habitués du théâtre et critiques pratiques, vous qui prenez un air mécontent aux débuts des auteurs et des acteurs, et qui, fidèles à la foi de votre jeunesse (honneur à vous pour cela !), croyez fermement que nous sommes plus petits de la tête que les géants nos grands-pères, riez ou grondez, comme il vous plaira, tandis que le rideau vous sépare encore de la scène… Ô spectateurs, il est bien juste que vous vous amusiez tous selon vos goûts, car l’entr’acte est long. Tous les acteurs ont à changer de costume, tous les machinistes sont à l’œuvre et font glisser dans les rainures les décors d’un nouveau monde. Vous verrez sur le programme qu’on réclame vivement votre indulgence, car on a dédaigné les unités de temps et de lieu. On vous demande de supposer que nous avons vieilli de cinq ans depuis le dernier acte. Cinq ans !… Pour plus de vraisemblance, l’auteur recommande de laisser le rideau baissé plus longtemps que de coutume entre la rampe et la scène.