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de votre père, contenter le faible de votre père, son vain désir de renommée ; elle voulait rendre à votre oncle ce qu’il avait perdu dans la personne de son héritier naturel ; elle veut encore attacher vos succès à des choses utiles, vos intérêts à ceux de vos parents, votre récompense aux sourires de ceux que vous aimez. Voilà ton ambition, ô mon tendre anachronisme ! Et lorsque, en achevant cette esquisse, je dis : « Pardonnez-moi ; vous ne savez pas quel bonheur est celui d’un père quand, au moment où son fils entre dans le monde, il peut ainsi penser et parler de ce fils. Mais, vous le voyez, votre ambition est bien différente de celle-là. Parlons donc de gagner de l’argent, de rouler un carrosse à quatre chevaux à travers ce monde misérable ; » alors votre cousin tomba dans une profonde rêverie. Et son réveil fut semblable au réveil de la terre après une nuit de printemps : les arbres nus la veille s’étaient couverts de boutons de fleurs.

« Quelque temps après, grande surprise ! il me priait de lui permettre d’aller avec vous en Australie, si son père y consentait. Jusqu’à ce jour je ne lui ai répondu que par une question : « Demandez-vous à vous-même si je puis vous donner cette permission. Je ne désire pas que Pisistrate soit autre qu’il n’est ; et, à moins que vous ne soyez d’accord avec lui en toutes choses, dois-je courir le risque que vous lui communiquiez votre science du monde et que vous lui inoculiez votre ambition ? » Il a été frappé, et a eu la candeur de ne pas essayer de répondre.

« Maintenant, Pisistrate, le doute que je lui ai exprimé, je l’ai réellement, car ce n’est que par le bon sens, et non par des arguments recherchés, que je puis m’adresser à ce Scythe illettré qui, tout frais sorti des steppes, vient m’embarrasser sous le Portique.

« D’un autre côté, que deviendra-t-il dans le vieux monde ? À son âge et avec son énergie, il nous serait impossible de le garder enfermé avec nous dans notre cage des ruines du Cumberland. L’ennui et le mécontentement y auraient bientôt défait tout ce que nous aurions pu faire de bien. Les livres ne sont pas, et ne seront jamais, je le crains, une ressource pour lui. Quant à le faire entrer dans une de ces professions encombrées, le placer au milieu de ces inégalités de la vie contre lesquelles il heurte continuellement son cœur, l’abandonner à