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« Tandis que nous parlions, Blanche arriva soudain et se précipita dans mes bras. Elle le regarda d’abord comme un étranger ; mais je vis que les genoux du jeune homme tremblaient. Puis elle fut sur le point de lui tendre la main ; mais je l’en empêchai. Était-ce de la cruauté ? Il le pensa. Mais lorsque j’eus renvoyé Blanche, je répondis aux reproches de son frère : « Votre sœur fait partie de la maison. Si vous vous croyez digne de votre sœur et de la maison, allez et réclamez l’une et l’autre ; je ne m’y oppose pas ! — Elle a les yeux de ma mère, » dit-il, et il s’éloigna. Je le laissai rêver au milieu des ruines, et j’entrai pour voir votre pauvre mère, calmer ses craintes au sujet de Roland et lui faire comprendre pourquoi je ne pouvais encore retourner à la maison.

« Cette courte entrevue avec sa sœur avait profondément impressionné votre cousin. Mais j’approche de ce qui me semble la plus grande difficulté. Il a le plus vif désir de racheter son nom, de reconquérir sa maison. C’est bien jusque-là. Malheureusement il ne peut encore voir l’ambition qu’avec les yeux du monde. Il s’imagine encore que tout ce qu’il a à faire, c’est de gagner de l’argent, du pouvoir et quelques-uns de ces lots stériles de la grande loterie, que nous obtenons souvent plus facilement par nos péchés que par nos vertus. (Suit un long passage de Sénèque, que j’omets comme superflu.) Il ne me comprend pas encore, ou, s’il me comprend, il me croit un naïf rongeur de livres lorsque je lui dis qu’il pourrait être pauvre et obscur, au plus bas de la roue de fortune, et pourtant nous rendre fiers de lui ! Il croit que, pour racheter son nom, il lui suffira de le vernir. Ne pensez pas que je sois un père aveugle, si je vous dis que j’espère me servir de vous ici avec avantage. Je veux lui parler demain, en retournant à Londres, de vous et de votre ambition : vous saurez ce qui en résultera.

« En ce moment (il est minuit passé) je l’entends marcher dans la chambre au-dessus de la mienne. Le châssis de la fenêtre s’ouvre pour la troisième fois. Fasse le ciel qu’il puisse lire la véritable astrologie des étoiles ! Elles sont là, brillantes, radieuses, bienveillantes. Et moi, je cherche à enchaîner sa comète vagabonde aux harmonies des cieux ! Tâche meilleure que celle des astrologues et des astronomes. Lequel d’entre eux peut défaire le lien d’Orion ? Mais parmi nous, à qui Dieu