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CHAPITRE VIII.

Je ne me permis pas, en quittant Vivian, de lui promettre le pardon immédiat de Roland. Je ne le pressai point de chercher à voir son père. Je sentais que le temps n’était pas encore venu pour le pardon, ni pour l’entrevue. Je me contentai de la victoire que je venais de remporter. Je jugeai qu’il était bon que la réflexion, la solitude et la souffrance, gravassent plus profondément la leçon et préparassent la voie à une sincère résolution de se corriger. Je le laissai donc assis au bord du ruisseau, en promettant de lui faire savoir, à la petite auberge où il se logea, comment Roland luttait contre la maladie.

En rentrant, je me reprochai d’être resté si longtemps loin de mon oncle. Mais je fus bientôt agréablement surpris de le voir levé et habillé, avec un air calme, quoique fatigué. Il ne me demanda pas d’où je venais, soit qu’il sympathisât avec la douleur que m’avait causée le départ de Mlle Trévanion, soit qu’il soupçonnât que cette douleur n’avait pas absorbé tout mon temps.

Mais il me dit simplement :

« Je crois vous avoir entendu dire que vous avez écrit à Austin de venir… est-ce bien vrai ?

— Oui ; mais je lui ai indiqué pour rendez-vous le relais de ***, comme étant le point le plus rapproché de la tour.

— Alors, partons tout de suite. Le changement me fera du bien. La curiosité, les conjectures de tout ce monde me mettent à la torture, dit-il en joignant les mains. Commandez des chevaux sur-le-champ. »

Je sortis et, tandis qu’on préparait les chevaux, je courus à l’endroit où j’avais laissé Vivian. Il y était toujours dans la même attitude, la figure cachée dans ses mains, comme pour ne pas voir la lumière du soleil. Je lui dis en quelques mots que Roland se trouvait mieux et que nous allions partir, et je lui demandai où je le reverrais à Londres. Il me donna l’adresse de la maison où je l’avais visité si souvent.