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se confia à lady Ellinor, le chemin fut ouvert à ses espérances les plus ambitieuses ; et, quoique ses connaissances ne fussent pas asses étendues pour permettre à Trévanion d’en faire son secrétaire, cependant, excepté qu’il ne couchait pas dans la maison, il y fut presque sur le même pied d’intimité où j’y avais été.

Parmi les projets de Vivian, celui d’obtenir le cœur et la main de la grande héritière n’était pas le moins ardent. Cet espoir fut anéanti lorsque, peu de temps après, Fanny fut fiancée au jeune lord Castleton. Mais Vivian ne put voir Mlle Trévanion avec impunité. Hélas ! quel cœur encore libre pouvait demeurer insensible à tant de charmes ? Il laissa l’amour, l’amour tel que pouvait le sentir sa nature demi-sauvage, se glisser dans son cœur et s’en rendre maître ; mais il ne conserva aucun espoir, n’entretint aucun projet pendant la vie du jeune lord. À la mort de son fiancé, Fanny était libre ; il commença alors à espérer, mais pas encore à comploter. Il rencontra Peacock par hasard. Soit légèreté de caractère, bonté de cœur, ou vague espoir que son associé pourrait lui être utile, Vivian le fit entrer au service de Trévanion. Peacock s’aperçut bientôt de son amour pour Fanny. Ébloui par les avantages qu’un mariage avec Mlle Trévanion procurerait à son protecteur et qui ne pouvaient manquer de rejaillir sur lui-même, enchanté de trouver une occasion d’exercer ses talents dramatiques sur la scène de la vie réelle, il ne tarda pas à mettre en usage les leçons du théâtre, et noua une intrigue en sous-ordre entre soubrette et valet, pour servir les projets et assurer le succès de l’amoureux.

Si Vivian eut quelque occasion de laisser deviner son admiration, jamais Fanny ne lui en donna de plaider sa cause. Mais la douceur de son caractère, et la gracieuse bienveillance dont elle était entourée comme d’une atmosphère émanant de son innocent désir de plaire, servirent à le tromper. La beauté de Vivian était d’ailleurs si grande, et l’effet qu’elle avait produit dans le cours de sa vie errante lui inspirait tant de confiance, qu’il pensait n’avoir besoin que d’une occasion de se déclarer pour obtenir l’amour de la jeune fille. C’est dans cet état d’ivresse de l’esprit qu’il dut accompagner Trévanion chez lord N…, le ministre ayant placé ailleurs son secrétaire écossais. Lady N… était une de ces dames à la mode, qui, parve-