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à un total de cent acres. Vous pouvez planter une pommeraie sur une très-grande échelle. Je viens de faire tous les calculs ; cela saute aux yeux. Prenez 40 arbres par acre, c’est la moyenne d’usage ; mettons l’arbre à 1 sch. 6 d. ; 4 000 arbres pour 100 acres font 300 livres. Estimons le travail du labour et des tranchées à 10 liv. par acre, cela fait 1 000 liv. pour 100 acres ; pavez les fonds des trous pour empêcher la racine pivotante de s’enfoncer dans un terrain mauvais ; oh ! vous voyez que je suis attentif aux moindres détails et je l’ai toujours été ; pavez-les de cailloux et de gravois, à 6 pence par trou ; cela fait 100 liv. pour les 4 000 arbres des 100 acres ; ajoutez à cela le revenu de la terre à 30 sch. l’acre, ou 150 liv. ; combien fait le total ? »

Ici l’oncle Jack se mit à compter les items sur ses doigts avec une grande rapidité :

Arbres 300 liv.
Travail 1000
Pavement des trous 100
Revenu de la terre 150
Total 1550 liv.

« Voilà votre dépense. Notez-la. Passons aux bénéfices. Les vergers du pays de Kent rapportent 100 liv. par acre, quelques-uns jusqu’à 150 liv. ; mais soyons modérés, disons seulement 50 liv. par acre, ce qui porte à 5 000 liv., sur un capital de 1 550 liv., votre produit brut annuel… 5 000 liv. par an ! Songez à cela, frère Caxton. Déduisez 10 pour 100 ou 500 liv. pour gages du jardinier, engrais, etc. ; il vous restera 4 500 liv. de bénéfice net. Votre fortune est faite, l’homme ; elle est faite, et je vous en félicite. »

Et l’oncle Jack se frottait les mains.

« Dieu me bénisse ! père, s’écria vivement le jeune Pisistrate, qui avait écouté avec ravissement toutes les syllabes et tous les chiffres de ce séduisant calcul ; quoi ! nous serions aussi riches que le squire Rollick, et vous pourriez avoir une meute pour chasser le renard !

— Et acheter une grande bibliothèque, ajouta l’oncle Jack, qui renforça ses tentations par cet argument puisé dans sa connaissance plus profonde de la nature humaine. La collection de mon ami l’archevêque est à vendre. »