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CHAPITRE IV.

Le précepteur.

Roland passa en France et se fixa dans les environs de Paris. Il mit Blanche dans un couvent du voisinage, où il allait la voir tous les jours, et il se consacra à l’éducation de son fils. Celui-ci apprenait facilement ; la chose difficile était de lui faire désapprendre ; et pour en venir à bout, il aurait fallu la froide expérience et la rare patience d’un habile précepteur, ou l’amour, la confiance et la docilité d’un élève qui a foi en son maître. Roland sentit qu’il n’était pas l’homme qu’il fallait, et que le cœur de son fils lui restait obstinément fermé. Il chercha et trouva, de l’autre côté de Paris, un individu qui lui parut un précepteur convenable. C’était un jeune Français de quelque distinction dans les lettres et plus encore dans les sciences, doué de cette éloquence naturelle à ceux de sa nation, et sachant exprimer en phrases retentissantes les sentiments qui plaisaient au romanesque enthousiasme du capitaine. Plein d’espoir, Roland confia son fils aux soins de cet homme. L’adolescent, grâce à sa vive intelligence, se rendit bientôt maître de tout ce qui plaisait à ses goûts ; il apprit à parler et à écrire le français avec une élégance et une précision rares. Sa mémoire tenace et ces organes flexibles où réside le don des langues servirent, avec le secours d’un maître anglais, à raviver la connaissance qu’il avait de la langue de son père, et le mirent à même de la parler couramment et correctement. Cependant il lui resta toujours un singulier accent ; mais, comme je ne soupçonnais pas qu’il eût été élevé à l’étranger, je crus d’abord que c’était une sorte d’affectation théâtrale qui le faisait parler ainsi. Il n’alla pas loin dans les sciences, un peu plus loin peut-être que les notions superficielles de mathématiques qu’on enseignait alors en France ; mais il acquit une facilité et une rapidité de calcul très-remarquables. Il dévora