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devant des mâchoires de son ennemi. Je n’eus que le temps de chasser l’animal, qui grimpa sur un arbre et jeta d’ardents regards à travers les branches pendantes. Puis je me mis à suivre l’oiseau, et, tandis que je le suivais, une note vive, brève et tremblante, venant je ne savais d’où, se fit entendre. Venait-elle de près ? venait-elle de loin ? de la terre ou du ciel ? Pauvre mère ! de même que l’amour maternel, elle semblait tantôt près, tantôt loin, tantôt dans le ciel et tantôt sur la terre.

Enfin vives et soudaines, comme portées sur l’espace, voilà que les petites ailes planèrent au-dessus de moi !

Le jeune oiseau s’arrêta, et moi aussi.

« Allons, dis-je, vous vous êtes enfin retrouvés ; arrangez-vous ensemble ! »

Je retournai auprès du proscrit.


CHAPITRE II.

Pisistrate. — comment avez-vous appris que nous nous sommes arrêtés à la ville ?

Vivian. — Croyez-vous qu’il m’eût été possible de rester où vous m’avez laissé ? Je me suis mis à marcher… et j’ai marché jusqu’ici. En passant au point du jour par ces rues, j’ai vu les valets d’écurie flânant devant la porte de la cour, j’ai entendu ce qu’ils disaient, et j’ai appris ainsi que vous étiez tous dans cette auberge… tous ! (Il pousse un profond soupir.)

Pisistrate. — Votre pauvre père est bien malade. Oh ! cousin, comment avez-vous pu jeter loin de vous tant d’amour ?

Vivian. — Tant d’amour… chez lui !… chez mon père !

Pisistrate. — Ne croyez-vous donc vraiment pas que votre père vous aime ?

Vivian. — Si je l’avais cru, je ne l’aurais jamais quitté. Tout l’or des Indes n’a pu me séparer de ma mère.

Pisistrate. — Voilà certes un étrange malentendu chez vous. Si nous pouvons arranger cela, tout ira bien encore… Et