Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’eus pas le courage de continuer la conversation sur un pareil sujet ; je dis en balbutiant que j’allais voir mon oncle, je pris la lumière et montai. Je me glissai sans bruit dans la chambre de Roland, je vis que son visage était agité jusque dans son sommeil, et alors je me dis : « Que sont mes jeunes chagrins en comparaison des siens ? » Puis, m’asseyant à côté du lit, je m’entretins avec mon propre cœur et restai là immobile.


CHAPITRE III.

Au lever du soleil, je descendis au salon pour écrire à mon père de venir nous rejoindre ; car je sentais combien Roland avait besoin de ses consolations et de ses conseils, et nous n’étions pas à une grande distance de la vieille tour. Je fus surpris de trouver lord Castleton encore assis auprès du feu ; évidemment il ne s’était pas couché.

« Voilà qui est bien, dit-il ; nous devons nous encourager l’un l’autre à réparer les forces de la nature, » et il me montra le déjeuner servi sur la table.

Depuis bien des heures, j’avais à peine goûté quelque nourriture ; mais je ne sentais ma faim que par ma faiblesse. Je mangeai machinalement, et je rougis presque de sentir que la nourriture me fortifiait.

« Je suppose que vous allez bientôt partir pour le château de lord N… ?

— Mais non. Ne vous ai-je pas dit que j’avais envoyé Summers en estafette avec un billet par lequel je prie lady Ellinor de venir ? Après réflexion, je n’ai pas cru pouvoir convenablement accompagner Mlle Trévanion, seul, sans même une femme de chambre, en une maison pleine d’hôtes bavards. Lors même que votre oncle se porterait assez bien pour venir avec nous, sa présence ne ferait qu’ajouter à l’étonnement. Aussi, dès notre arrivée ici, tandis que vous montiez avec le capitaine, j’ai écrit ma lettre et fait partir mon homme. J’espère que lady Ellinor sera ici avant neuf heures. Cependant, j’ai déjà vu cette in-