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— Et vous croyez, dit lord Castleton d’un air rêveur, qu’il disait la vérité en supposant que je… »

Le marquis s’arrêta, rougit légèrement, puis continua :

« Mais non ; lady Ellinor et Trévanion, quelles qu’aient pu être leurs pensées, n’auraient jamais oublié leur dignité au point de prendre pour confident, en pareille matière, ni ce jeune homme, presque un étranger, ni qui que ce soit.

— C’est par des paroles incohérentes, entrecoupées de soupirs et de sanglots, que Vivian, c’est-à-dire mon cousin, m’a donné quelques explications à ce sujet. Il paraît que lady N…, dans la maison de laquelle il se trouvait, nourrissait cette idée ; au moins le fit-elle supposer à mon cousin.

— Ah ! cela est possible, reprit lord Castleton évidemment soulagé. Nous avons été enfants ensemble, lady N… et moi ; nous sommes encore en correspondance ; elle m’a suggéré cette idée dans ses lettres… Qui, je vois clair… indiscrétion de femme ! Hum ! voilà ce que c’est que de correspondre avec des dames »

Lord Castleton eut recours au mélange Beaudésert ; puis, comme s’il avait eu hâte de changer le sujet de la conversation, il commença l’explication qu’il me devait. Au reçu de ma lettre, il avait trouvé plus de raisons encore que moi-même de soupçonner quelque complot. Il venait de recevoir ce jour-là même une lettre de Trévanion qui ne disait pas un mot de son indisposition. Lorsqu’il vit ensuite dans le journal un paragraphe intitulé : Soudaine et alarmante maladie de M. Trévanion, le marquis soupçonna quelque manœuvre de parti ou quelque cruelle mystification, parce que la malle chargée de la lettre de Trévanion avait dû voyager aussi vite que le messager qui avait pu renseigner le journal. Aussi envoya-t-il immédiatement aux bureaux pour demander sur l’autorité de qui l’on avait inséré cet article ; en même temps il dépêchait un autre de ses gens à Saint-James’s-Square. Des bureaux il fut répondu qu’un laquais à la livrée de Trévanion avait apporté cette nouvelle, et que pourtant on ne l’avait insérée qu’après s’être assuré à l’hôtel du ministre que lady Ellinor l’avait reçue également, et qu’elle avait quitté Londres en conséquence.

« Je fus extrêmement affligé de l’inquiétude que tout cela donnait à lady Ellinor, continua lord Castleton, et très-embarrassé, quoique, jusqu’au moment où je reçus votre billet,