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aux assurances que je lui donnai du repentir de son fils que par un serrement de main. Puis il se retira dans le coin le plus éloigné et se mit à genoux. Lorsqu’il se releva, il était soumis et traitable comme un enfant. Il permit que je l’aidasse à se déshabiller ; et, lorsqu’il fut au lit, il détourna doucement sa figure de la lumière, et, après quelques profonds soupirs, un sommeil miséricordieux parut descendre sur lui. J’écoutai sa respiration jusqu’à ce qu’elle fût devenue lente et régulière, et je descendis ensuite au salon où j’avais laissé lord Castleton ; car il m’avait prié tout bas de l’y venir trouver.

Le marquis était assis auprès du feu, dans une attitude morne et rêveuse.

« Je suis bien aise que vous soyez venu, dit-il en me faisant place au foyer ; car je vous assure que je ne me suis pas senti si triste depuis bien des années. Nous avons beaucoup de choses à nous expliquer l’un à l’autre. Voulez-vous commencer ? On dit que le son des cloches dissipe les nuages chargés de foudre ; il n’y a rien de tel que la voix d’un homme franc et honnête pour dissiper tous les nuages qui s’amoncellent au-dessus de nous, lorsque nous pensons à nos propres fautes et à la scélératesse d’autrui. Mais je vous demande mille pardons. Ce jeune homme, votre parent ! le fils de votre excellent oncle ! est-ce possible ? »

Les explications que je donnai à lord Castleton furent nécessairement courtes et incomplètes. La séparation de Roland et de son fils, l’ignorance où j’étais de la cause de cette séparation, la mort prématurée de ce fils, ma liaison toute fortuite avec le faux Vivian, l’intérêt que j’éprouvai pour lui, la consolation que je sentis en le croyant de retour dans sa famille, les circonstances qui avaient amené mes soupçons si bien justifiés par l’événement : tout cela fut brièvement raconté.

« Mais, pardon, interrompit le marquis, dans le cours de cette amitié pour un jeune homme si peu digne de vous, même d’après votre récit trop partial, n’avez-vous jamais soupçonné que vous étiez tombé sur votre cousin perdu ?

— Pareille idée ne me serait jamais venue. »

Et je dois faire observer ici que, bien que le lecteur ait pu, dès la première apparition de Vivian, deviner son secret, la pénétration d’un lecteur est tout à fait différente de celle d’une personne qui joue un rôle dans les événements. Que j’eusse