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CHAPITRE II.

Je ne pus rester longtemps avec mon malheureux cousin ; cependant, lorsque je me retirai, je croyais que la voiture de lord Castleton avait quitté l’auberge ; et quand, traversant le vestibule, je l’aperçus encore devant la porte ouverte, je fus saisi de crainte pour Roland. Ses émotions avaient peut-être amené une attaque dangereuse. Mes craintes n’étaient pas sans fondement. Je trouvai Fanny agenouillée à côté du vieux soldat, dans le salon où nous avions vu les deux femmes. Elle lavait ses tempes, tandis que lord Castleton lui bandait le bras. Le valet favori du marquis possédait, entre autres talents, celui d’être un peu chirurgien ; il essuyait la lame d’un canif qui avait servi de lancette. Lord Castleton me fit signe :

« Soyez sans inquiétude, ce n’est qu’un évanouissement ; nous l’avons saigné. Il est sauvé maintenant ; voyez, il revient à lui. »

En ouvrant les yeux, Roland me regarda d’un air inquiet et investigateur. Je lui souris, je baisai son front, et je lui murmurai en toute sûreté de conscience des paroles qui devaient consoler le père et le chrétien.

Quelques minutes après, nous avions quitté la maison. Comme la voiture de lord Castleton ne contenait que deux places, le marquis, après y avoir fait entrer Mlle Trévanion et Roland, monta tranquillement sur le siège de derrière et m’appela à côté de lui, car il y avait là place pour nous deux. Son domestique était parti en avant sur un des chevaux qui nous avaient amenés. Aucune conversation ne s’engagea entre nous. Lord Castleton semblait profondément affecté, et je ne trouvais pas de mots pour exprimer mes pensées.

Lorsque nous atteignîmes l’auberge où lord Castleton avait changé de chevaux, et qui était à environ six milles de distance, le marquis insista pour que Fanny prît quelques heures de repos, car elle était épuisée de fatigue.

Je suivis mon oncle dans sa chambre, mais il ne répondit