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QUINZIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Rien de tout ce qui était arrivé n’aurait pu m’inspirer de justes soupçons, si je n’avais connu le caractère de Vivian.

Ne t’es-tu pas lié, ami lecteur, dans le cours de ta facile et insouciante jeunesse, avec quelque camarade dont les qualités séduisantes, sans te faire perdre ce dégoût du mal, naturel à un âge où jusque dans nos erreurs nous adorons ce qui est bon, nous nous enthousiasmons pour les sentiments généreux et les belles actions, sans te faire oublier la connaissance instinctive de ce qui est mal, t’avaient cependant inspiré un vif intérêt pour le spectacle de la lutte dont son âme était la scène, entre le mal qui te révoltait et le bien qui t’attirait ? Peut-être l’as-tu perdu de vue pendant quelque temps ; peut-être est-on venu t’annoncer brusquement qu’il avait fait quelque chose, en bien ou en mal, qui sortait des lieux communs de la vie. Alors, dans l’un et l’autre cas, ton esprit se reporte aux souvenirs d’autrefois et tu t’écries : « Cela ne m’étonne pas ; il n’y avait que lui pour faire cela ! »

C’est là ce que j’éprouvais par rapport à Vivian. Les qualités les plus remarquables de son caractère étaient la justesse de ses calculs et son audace sans pareille, qualités qui conduisent à la gloire ou à l’infamie, selon la culture qu’a reçue le sens moral et la direction qu’on a fait prendre aux passions. Si j’avais reconnu ces qualités dans quelque action louable, et si l’on avait douté que Vivian en fût l’auteur, je me serais écrié : « C’est lui ! et le bon ange a triomphé ! » L’action étant mau-