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sur ses genoux. Mais si un homme ne réussit pas dans ce monde, et, après avoir eu des domestiques, est obligé de se faire domestique lui-même,

....Je ne rougirai pas
De vous faire savoir ce que je suis.

— Le Cygne dit ; « De vous faire savoir ce que j’étais, » monsieur Peacock. Mais trêve de plaisanteries. Qui vous a placé chez M. Trévanion ? »

M. Peacock baissa la tête un moment, puis fixant sur moi ses regards :

« Eh bien ! je vous le dirai. À notre dernière rencontre, vous m’avez demandé des nouvelles d’un jeune homme, Monsieur… M. Vivian.

Pisistrate. — Continuez.

Peacock. — Je sais que vous ne lui voulez pas de mal. D’ailleurs, « il fait un bon métier, » et un jour ou l’autre… retenez bien mes paroles, ou plutôt celles de mon ami Will,

Il enjambera ce monde étroit
Comme un colosse…

Sur ma vie, il l’enjambera… comme un colosse,

Et nous autres, chétifs,…

Pisistrate (d’un air sauvage). — Continuez votre histoire.

Peacock (d’un ton hargneux). — Je la continue. Vous m’avez fait perdre le fil. Où en étais-je ? ah ! oui. Donc j’étais flambé… plus un penny dans ma poche… et si vous aviez vu mon habit !… encore était-il meilleur que mon pantalon. Or, c’était dans Oxford-Street ; non, dans le Strand, tout près de Lowther.

Le soleil parcourait sa céleste carrière,
Accompagné du jour et de tous ses plaisirs.

Pisistrate (baissant la glace). — À Saint-James’s-Square.

Peacock. — Non, non ; au pont de Londres.

Quand un homme une fois a pris une habitude…

Je continue, parole d’honneur ! Je rencontrai donc M. Vivian. Comme il m’avait connu dans des jours meilleurs, et qu’un bon cœur bat en sa poitrine, il me dit :

Horatio !… si pourtant ma mémoire est fidèle.