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Lumières et chaleur, l’oncle Jack avait tout. Il formait une symphonie parfaite d’enthousiasme charmant et de calcul convaincant. Dans les Acharnenses, Dicéopole dit à l’auditoire, en présentant un personnage nommé Nicarque : « Il est petit, je l’avoue, mais il n’y a rien de perdu en lui ; tout ce qui n’est pas sottise est malice. » En parodiant ce compliment équivoque, je puis dire, bien que l’oncle Jack ne fût pas un géant, qu’il n’y avait rien de perdu en lui.

Il eût été également cher au philanthrope Howard et au mathématicien Cocker. L’oncle Jack était avenant aussi : il avait le teint blanc et fleuri, avec une petite bouche garnie de bonnes dents ; il ne portait pas de favoris, mais se rasait aussi ras que s’il s’était agi de tondre une de ses grandes compagnies nationales. Ses cheveux, jadis d’un blond hardi, commençaient à grisonner, ce qui augmentait la respectabilité de son extérieur ; il les portait plats sur les côtés et relevés en toupet sur le front. M. Squills disait que les organes de la constructivité et de l’idéalisme étaient prodigieusement développés chez lui, et ces bosses donnaient une grande largeur à son front.

L’oncle Jack était de belle taille, environ cinq pieds huit pouces, la taille qui convient aux hommes d’action. Il portait un habit de drap noir orné de boutons dorés représentant une couronne et une ancre. À distance ces boutons ressemblaient à ceux de la maison du roi, et lui donnaient l’air d’en faire partie. Il mettait toujours une cravate blanche non empesée et un jabot piqué d’une épingle en diamant. Cette épingle lui fournissait occasion de placer quelques observations sur certaines mines du Mexique, qu’il avait un désir violent, mais jusqu’alors non satisfait, de voir exploitées par une grande compagnie nationale de Bretons unis. Son gilet du matin était de couleur chamois pâle, celui du soir de velours brodé, et il y rattachait divers projets d’associations pour le perfectionnement des manufactures indigènes. Son pantalon du matin était de cette couleur vulgairement appelée papier brouillard. Il ne portait jamais de bottes, il les trouvait peu propres pour l’exercice, mais des guêtres grises et des souliers à bouts carrés. La chaîne de sa montre était garnie d’une grande quantité de cachets sur chacun desquels était gravée la devise de quelqu’une des compagnies défuntes, et l’on pouvait leur trouver de la ressemblance avec les chevelures scalpées que portaient