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qui était allé prendre congé de son père, devait me rejoindre à Londres, ainsi que mes plus humbles compagnons du Cumberland.

Comme nous étions d’accord, mon oncle et moi, sur la question d’économie, nous descendîmes à un hôtel de la Cité ; et ce fut là que je fis connaissance avec une partie de Londres, que bien peu de mes élégants lecteurs se vanteraient de connaître. Mon intention n’est pas de me moquer de la Cité même, mon cher alderman ; ce sont là des plaisanteries usées ; je ne fais point allusion aux rues, aux cours, aux ruelles. Ce dont je veux parler peut se voir à l’extrémité ouest, pas si bien qu’à l’est, mais assez bien encore ; je veux parler des toits des maisons.


CHAPITRE II.

Qui est un chapitre sur les toits.

Les toits ! quelle impression calmante cet aspect produit sur l’âme ! mais il faut la réunion d’un grand nombre de conditions pour former un bon point de vue. Il ne suffit pas de se loger sous le toit ; ne vous laissez pas entraîner dans une mansarde donnant sur la rue. Non, il faut absolument que votre mansarde soit sur le derrière ; que la maison dont elle fait partie s’élève légèrement au-dessus des maisons voisines ; que la fenêtre ne s’ouvre pas obliquement sur le toit, comme cela a lieu communément, car vous n’apercevriez alors qu’une petite partie de ce dais de plomb que les Londoniens s’obstinent à appeler le ciel. Il faut que cette fenêtre soit perpendiculaire, et non à demi bloquée par les parapets de ce fossé qui a nom gouttière. Il faut enfin que la vue soit telle que vous ne puissiez entrevoir le pavé. Dès que vous voyez le monde inférieur, tout le charme du monde supérieur est détruit. Supposez donc que vous ayez rempli toutes les conditions requises, ouvrez votre fenêtre, appuyez votre menton sur vos deux mains, étayez les coudes contre le rebord, et contemplez