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reins, et vous laisse en soupirant à la fraîche jeunesse du monde nouveau.

Ne tibi sit duros acuisse in prœlia dentes,
Votre affectionné,
Albert Trévanion.

CHAPITRE VII.

Ainsi, lecteur, tu possèdes maintenant le secret de mon cœur.

Ne t’étonne pas si moi, fils d’un homme de livres et homme de livres moi-même à certaines époques de ma vie, quoique je n’aie occupé qu’un humble grade dans cette classe vénérable, ne t’étonne pas si, dans cet état de transition entre la jeunesse et l’âge mûr, je me suis détourné des livres avec impatience. À une époque ou à une autre de leur existence, la plupart des amis de l’étude ont entendu l’appel impérieux de ce principe turbulent qui est en nous, et qui demande à tous les fils d’Adam de contribuer pour leur part à l’immense trésor des actes de l’humanité. Quoique les grands savants ne soient pas nécessairement ni habituellement des hommes d’action, cependant les hommes d’action que l’histoire nous propose ont rarement manqué d’un certain degré d’éducation littéraire : car les idées que les livres éveillent, les livres ne peuvent pas toujours les satisfaire. Bien que le royal élève d’Aristote dormît avec Homère sous son oreiller, ce n’était pas pour rêver à faire des poèmes épiques, mais à conquérir de nouvelles Ilion dans l’Orient. Maint homme, quelque peu qu’il ressemble d’ailleurs à Alexandre, peut avoir le but du conquérant, un but que l’action seule peut atteindre ; et le livre qu’il met sous son oreiller est peut-être le plus fort antidote contre l’inaction. Comme les sévères destinées qui gouverneront l’homme entrelacent leurs premiers fils délicats avec les premières impressions de l’enfant ! Ces contes frivoles par lesquels ma vieille