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dans les bergeries du Cumberland ; apprenez tout ce que vous pourrez de tous les bergers que vous rencontrerez, depuis Thyrsis jusqu’à Ménalque. Faites plus encore : préparez-vous de toutes manières à la vie du bocage australien, où la théorie de la division du travail n’est pas encore arrivée ; apprenez à mettre la main à tout. Soyez un peu forgeron, un peu charpentier, faites le plus possible avec le plus petit nombre d’outils ; devenez excellent tireur ; domptez tous les chevaux et poneys sauvages que vous pourrez emprunter. Lors même que vous n’auriez besoin d’aucune de toutes ces choses dans votre établissement, avoir appris à les faire vous rendra propre à beaucoup d’autres que nous ne prévoyons pas à présent. Dégentilhommisez-vous du sommet de la tête à la plante des pieds, et n’en devenez que plus grand aristocrate ; car il est plus qu’un aristocrate, il est roi, celui qui se suffit en tout, celui qui est son propre maître parce qu’il n’a pas besoin de valetaille. Je crois que Sénèque a exprimé cette pensée avant moi, et je vous citerais le passage ; mais je crains que ce livre ne se trouve pas dans la bibliothèque de la chambre des Communes. Arrivons maintenant… (On applaudit, par Jupiter ! je suppose que X… a fini de parler. En effet ; c’est C… qui a pris sa place. Ces applaudissements ont suivi un bon mot contre moi ! Que je voudrais avoir votre âge et aller en Australie avec vous !) Mais reprenons ma période interrompue. Arrivons au point important : le capital. Il vous en faut un, à moins que vous ne partiez comme berger, et alors adieu les dix mille livres dans dix ans ! Vous voyez donc tout d’abord que vous êtes toujours forcé de faire appel à votre père. Mais, direz-vous, avec cette différence que vous empruntez le capital avec toute chance de le rembourser, au lieu de dissiper le revenu d’année en année, jusqu’à ce que vous ayez au moins trente-huit ou quarante ans. Cependant, Pisistrate, ce n’est pas en un jour que vous atteindrez votre but, et il ne faut pas que mon vieux cher ami perde à la fois son fils et son argent. Vous dites que vous m’écrivez comme à votre père. Vous savez combien je hais les protestations ; et, si vous ne pensez pas ce que vous dites, vous m’avez mortellement offensé ! Je prends donc les droits d’un père, et je vous parle franchement.

M. Bolding, un ami à moi, un ecclésiastique, a un fils, une