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prochaine entrée au cabinet, comme d’une chose certaine. Je vous écris avant que vous soyez ministre ; et vous voyez que je ne cherche pas votre patronage officiel. Une niche dans une administration ! oh ! pour moi ce serait le pire de tout. Cependant j’ai rudement travaillé chez vous ; mais c’était bien différent. Je vous écris avec cette franchise, et comme si vous étiez mon père, parce que je connais votre bon et noble cœur. Permettez-moi d’ajouter mes humbles mais sincères félicitations au sujet du prochain mariage de Mlle Trévanion avec quelqu’un qui est digne, sinon d’elle, du moins de son rang. Je fais cela comme doit le faire celui à qui vous avez bien voulu laisser le droit de prier pour votre bonheur et pour celui des vôtres.

Mon cher monsieur Trévanion, voilà une longue lettre, et je n’ose même pas la relire, de peur, si je la relisais, de ne pas l’envoyer. Prenez-la avec ses fautes, et jugez-la avec cette bienveillance que vous avez toujours eue pour

Votre reconnaissant et dévoué serviteur,
Pisistrate Caxton.
Lettre d’Albert Trévanion, esq., membre du Parlement,
à Pisistrate Caxton.
Bibliothèque de la chambre des Communes, mardi soir.

Mon cher Pisistrate, — X… est à la tribune. Nous en avons pour deux mortelles heures. Je me réfugie dans la bibliothèque et je vous consacre ces deux heures. Que ce que je vais vous dire ne vous enorgueillisse pas trop ; mais ce portrait de vous-même que vous m’avez fait m’a frappé vivement. C’est un véritable original. L’état de l’âme que vous décrivez si bien en maître doit être fort commun dans notre ère de civilisation ; pourtant je ne l’ai jamais vu dépeint avec tant de verve et de chaleur. Toute la journée mes pensées ont été occupées de vous. Oui, combien il doit y avoir dans ce vieux monde de jeunes gens comme vous, capables, intelligents, actifs, persévérants, et qui cependant ne peuvent réussir dans aucune de nos professions ! Que de Raleighs muets et sans gloire ! Votre lettre, jeune artiste, est un plaidoyer en faveur de la colonisation. Je comprends mieux, après l’avoir lue, la vieille colo-